Contre-sommet du G7 : y a-t-il eu un accord entre organisateurs et police pour ne pas manifester ?

14 portraits d'Emmanuel Macron dans les rues de Bayonne, en marge du G7, le 25 août 2019.
14 portraits d'Emmanuel Macron dans les rues de Bayonne, en marge du G7, le 25 août 2019.

Selon le Canard Enchaîné, les manifestations prévues dimanche après-midi ont été annulées par les organisateurs, en échange de l’autorisation de faire la marche des portraits, le matin. Mais qu’en est-il ?

Le contre-sommet du G7 a “déçu” certains observateurs. Division entre participants sur la stratégie, présence policière importante, actions suspendues puis annulées... Trois jours après la fin d’un contre-sommet bien plus calme qu’attendu, Le Canard Enchaîné apporte un élément qui risque de diviser un peu plus le camp des opposants au G7.

Selon le palmipède, les organisations du contre-sommet du G7 ont directement négocié avec les autorités : “En échange d’une annulation de sept rassemblements de désobéissance civile, les responsables des deux groupes d’activistes locaux ont obtenu l’autorisation officieuse de défiler le dimanche dans Bayonne, lors de la marche dite “des portraits” (à l’envers), écrit le Canard Enchaîné, dans son édition du mercredi 28 août.

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Le programme officiel du contre G7 prévoyait le blocage pacifique dimanche après-midi de sept places autour de Biarritz. Un événement suspendu, remplacé par un autre, puis finalement tout simplement annulé samedi soir.

Attac fait partie d’une des deux plateformes organisatrices du Contre G7. Son porte-parole, Raphaël Pradeau dément l’information du Canard : “À aucun moment nous n’avons dealé une annulation contre une autorisation (...). La marche des portraits n’a jamais été autorisée, et n'était pas organisée par la plateforme du contre G7”.

“Nous n’aurions eu aucun intérêt à ce qu’elle soit autorisée !”

Les organisateurs, ce sont les organisations ANV-COP21, Alternatiba, et Bizi. “Nous n’avons pas négocié pour qu’elle soit autorisée et d’ailleurs nous n’aurions eu aucun intérêt à ce qu’elle soit autorisée !”, nous confie Pauline Boyer, porte-parole d’ANV-COP 21.

Dans un communiqué, les organisateurs de la marche précisent avoir été contactés par le sous-préfet des Pyrénées-Atlantiques, Hervé Jonathan, avant la marche. “Nous avons refusé de lui donner quelque information que ce soit (...). Nous lui avons demandé de prendre ses responsabilités et indiqué que tous-tes nos militant-e-s étaient prêts à se faire arrêter et à assumer les conséquences de leur participation à cette marche non autorisée”.

Une manipulation policière ?

Pour Raphaël Pradeau, cette fausse information est une manipulation pour diviser un peu plus les opposants au G7 : “Ironiquement, je dis bravo à la source policière qui a glissé ça à l’oreille du Canard, qui n’a pas vérifié. Ils ont réussi à foutre le bordel. C’est une fake news pour nous diviser un peu plus”, nous confie le porte-parole.

Le contre-sommet a été secoué par des débats animés autour du consensus d’action pacifiques et non-violentes établi par les plateformes organisatrices, comme l’illustrent les tags que nous avons pu voir sur le camp à Urrugne (Pyrénées-Atlantiques).

Le camp d'Urrugne, qui accueillait les manifestants du contre G7, le 26 août 2019.
Le camp d'Urrugne, qui accueillait les manifestants du contre G7, le 26 août 2019.
Le camp d'Urrugne, qui accueillait les manifestants du contre G7, le 26 août 2019.
Le camp d'Urrugne, qui accueillait les manifestants du contre G7, le 26 août 2019.

Si la manifestation n’était pas autorisée, pourquoi les forces de l’ordre ne sont pas intervenues ? La réponse est simple pour le porte-parole d’Attac. “Ils connaissent les organisations, ils savent qu’elles ne causent jamais de problèmes de maintien de l’ordre. Par exemple, vendredi (24 août, la veille du G7) nous avons pu mener une action pacifique, non déclarée, sans être réprimés par les gendarmes”.

Pas de contrôle des manifestants

Même analyse du côté des organisateurs de la marche des portraits : “Les autorités ont finalement laissé faire la marche des portraits se retrouvant devant un dilemme où elles perdaient à tous les coups”, précisent-ils dans leur communiqué.

Comme on le voit sur ces images tournées dimanche matin à Bayonne, les gendarmes restent de l’autre côté de la rive.

Présents sur place, nous avons pu constater que les forces de l’ordre n’ont pas contrôlé les manifestants qui arrivaient avec un portrait emballé, et n’ont pas tenté de récupérer les portraits de Macron réquisitionnés en mairie.

La marche des portraits s’est achevé dans le calme, les manifestants se sont dispersés sans être controlés. L’après-midi, aucune action d’envergure n’a eu lieu. Seule une cinquantaine d’opposants au G7 se sont réunis à Bayonne, dans un centre-ville quadrillé par les forces de l’ordre.